Jetřichovice, République Tchèque

Au fil de l’eau

Notre départ de Budapest rime avec notre retour sur un Eurovélo. Pour la petite histoire, le réseau Eurovélo est constitué de 15 itinéraires cyclables qui traversent l’Europe en long, en large et en travers. Le point final de la construction du projet est prévu pour 2020. Malgré tous nos kilomètres effectués en Europe, ce n’est que la deuxième fois que nous nous retrouvons réellement sur l’un de ces itinéraires. Cette fois-ci, il s’agit de l’Eurovélo 6, le plus abouti, reliant l’Océan Atlantique à la mer Noire. Nous planifions de le suivre depuis Budapest jusqu’à Vienne en remontant le Danube. C’est donc tout motivés par l’arrivée officielle du printemps et la perspective d’un itinéraire plat et facile à suivre que nous prenons la route en direction de la Slovaquie. Nous rencontrons une première déconvenue juste avant la frontière slovaque où les panneaux de signalisation nous indiquent clairement de prendre un bateau pour rejoindre l’autre rive. Bateau qui malheureusement n’existe pas, ou en tout cas pas à cette période de l’année. Nous voilà donc contraint à un détour de 15 kilomètres avec un vent pas vraiment favorable pour aller franchir le poste de frontière (fantôme) le plus proche. On espère que cela ne va pas se répéter trop souvent car on est régulièrement amené à changer de rive. Nous voilà donc en Slovaquie où nous passerons les deux jours suivants à pédaler sur les digues. Avec cette météo au beau fixe et le retour de températures tout à fait agréables nous pouvons enfin recommencer à voyager comme nous l’avions imaginé. Plus besoin de chercher chaque matin un endroit au chaud et au sec pour dormir le soir. Nous pouvons à nouveau voyager en toute spontanéité et camper avec plaisir. En plus, les rives du Danube se révèlent être le paradis du camping sauvage et nous ne nous gênons pas pour en profiter. Dan se découvre également une nouvelle passion pour les feux de camp. Bienvenus lorsque le soleil tombe et qu’il commence à faire cru. Idéals également pour griller quelques saucisses. C’est ainsi que nous rejoignons gentiment l’Autriche après un passage des plus éclair à Bratislava où nous avons pris la décision de ne pas nous attarder.

Notre entrée à Vienne se fait tout d’abord par un parc au bord de l’eau où des dizaines de familles grillent chacune des cochons entiers à la broche. Puis par un second parc, situé le long d’une allée de plusieurs kilomètres, immense, très arboré et piéton. Cela nous semble tellement fou que cet endroit soit réservé aux piétons que nous pensons tout d’abord qu’il y a une journée spéciale sans voiture. Nous apprendrons par la suite que ce n’est pas le cas. A Vienne, nous sommes hébergés deux nuits par Fred que nous avons contacté via le réseau Warmshower. Fred est un musicien italien expatrié en Autriche. Le soir de notre arrivée, il nous propose d’aller manger et faire un tour dans une foire qui se déroule au centre-ville. Il nous dépeint l’événement comme une sorte d’exposition relative à une région d’Autriche avec quelques stands. Nous sommes fatigués par notre étape du jour mais nous acceptons volontiers en pensant nous retrouver dans un endroit calme et peut-être légèrement ennuyeux. Quelle ne fût pas notre surprise de finalement atterrir dans une sorte de giron en cinq fois plus grand. Gros choc après 3 jours passés quasiment seuls dans la nature. Le lendemain Fred se mue en guide pour nous faire visiter les principaux attraits de Vienne. Nous sommes vraiment bluffés par ses connaissances et par la beauté de la ville. Nous apprécions d’être, pour une fois, guidé dans notre visite. Ce n’est pas tout à fait reposé par notre journée à crapahuter dans la ville que nous reprenons notre route. On décide de prolonger l’aventure le long du Danube jusqu’à Linz. La sortie de Vienne est un peu chaotique. Cette fois-ci pas à cause de la circulation mais plutôt à cause du nombre impressionnant de panneaux indiquant des itinéraires vélos. Trop d’informations tuent l’information. Rive droite, rive gauche, on ne sait jamais quel sera le meilleur choix. Nous finissons par retrouver notre Eurovélo et passons à nouveau trois journées magnifiques et deux nuits à camper le long du fleuve. Nous arrivons finalement à Linz qui marque la fin de notre aventure sur l’Eurovélo. Il s’en est fallu de peu pour qu’on poursuive jusqu’à l’Océan, mais l’appel du Nord est plus fort. Nous passons une sympathique soirée chez Michaela notre hôtesse Warmshower. Michaela est une habituée des voyages à vélo et elle connaît bien la République Tchèque. Cela tombe bien, c’est notre prochaine destination. C’est donc forts de tous les conseils qu’elle nous a prodigués et après une bonne nuit réparatrice et un repas délicieux que nous reprenons notre route en direction de notre 19ème pays.

On ne sait pas pour quelle raison, nous n’attendions pas grand-chose de la République Tchèque. Et nous avions bien tort. Dès les premiers kilomètres, nous découvrons un pays recouvert de champs et de forêts avec une multitude d’itinéraires cyclables et de routes tranquilles en bon état. Ici aussi, il y a des spots de camping à foison et avec une météo toujours au beau fixe, nous ne boudons pas notre plaisir. Nos cuisses, un peu moins sollicitées depuis notre entrée en Hongrie, recommencent à souffrir un peu avec le territoire vallonné que nous parcourons. Mais ça fait du bien à notre moral de Suisses de retrouver quelques « montagnes » après tout ce plat. Après deux nuits de camping sauvage, nous nous apercevons qu’un Warmshower se trouve pile dans le périmètre où nous avions prévu de nous arrêter pour la nuit. Nous décidons de le contacter même si nous n’avons pas beaucoup d’espoir de recevoir une réponse en nous y prenant aussi tard. Effectivement, il nous répond qu’il n’est pas là mais nous propose de nous rendre dans un petit village proche de la ville où il habite. Il connaît le patron du pub dudit village et nous informe que celui-ci nous laissera camper devant le pub si nous y consommons quelques bières. Nous trouvons le deal tout à fait acceptable et prenons alors la route de Chramosty. Nous sommes accueillis par la femme du patron qui ne parle pas un mot d’anglais mais qui a l’air de savoir qui on est. Sa fille, Klara, parle un peu anglais et nous permet de communiquer. Nous nous attablons et buvons une bière alors que Klara nous propose de nous faire visiter le village. Nous acceptons avec plaisir bien qu’au fond de nous, on se demande ce qu’il peut bien y avoir à voir dans un village d’une trentaine de personnes. Jugement bien hâtif. Elle nous emmène tout d’abord au bord d’un lac naturel entouré de rochers et nous explique que c’est là qu’ils se baignent l’été. Le lieu est magique et on y imagine bien l’ambiance en plein été. Puis elle nous guide sur une colline jusqu’à une grande balançoire suspendue à un arbre. Le panorama y est à couper le souffle et c’est avec une joie enfantine que nous nous y balançons (surtout Van). Nous terminons la visite par un lieu de pique-nique avec un grand foyer, une table et des bancs sculptés par un artisan du village. Nous nous sentons vraiment chanceux d’avoir atterri dans un lieu comme celui-ci par un heureux concours de circonstances. En plus, Klara nous invite à dormir à l’intérieur de leur maison, à prendre une douche chaude ainsi qu’à déjeuner en compagnie de toute la famille le lendemain. Nous sommes toujours émerveillés que des gens qui ne nous connaissent absolument pas et dont on ne parle même pas la langue fassent preuve d’autant de générosité sans rien attendre en retour. C’est toujours une belle leçon de vie pour nous.

Le lendemain nous roulons en direction de Prague, destination de notre fin d’après-midi. Autant l’entrée dans la ville se fait toute en douceur par une belle piste cyclable, autant circuler dans la ville elle-même à vélo s’est révélé plutôt désagréable. Chaque fois que nous entrons dans une ville de cette taille nous nous promettons que c’est la dernière fois mais allez savoir pourquoi, on finit toujours par remettre ça. Notre hôtesse Warmshower nous ayant posé un lapin quelques heures avant notre arrivée, nous avons loué une chambre pour deux nuits dans la ville afin de profiter d’un jour de « repos » pour visiter les lieux. Visite éclaire au milieu de Japonais armés de leur parapluie sous une pluie battante qui tombe toute la journée. Tant mieux, nous on préfère la pluie pendant les visites que pendant qu’on pédale. Le jour suivant, le soleil est de retour et nous reprenons la route en direction de deux parcs nationaux que nous avions repérés, puis de l’Allemagne. Cette journée finira par virer au cauchemar à cause du vent de face qui aura raison des nerfs de Van. C’est dans une ambiance plutôt tendue que le camp est monté et le repas avalé. Ambiance qui finira par tourner après que Dan entende un sanglier grogner pas trop loin de notre campement. Première fois que nous entendons une bête sauvage aussi près. Le lendemain, le sanglier étant parti sans nous charger nous nous dirigeons vers un parc national à cheval entre la frontière Tchèque et Allemande. Il s’agit du parc national de la Suisse bohémienne ou de la Suisse Saxonne dépendant de quel côté de la frontière où se trouve. Avec un nom pareil nous ne pouvons pas ne pas y aller. C’est vraiment une région magnifique avec des immenses forêts et des formations rocheuses caractéristiques. Si notre passage dans ce parc nous enchante, il est également source de frustration car il y a énormément de chemins impraticables à vélo que nous aurions aimé explorer. La soif de la randonnée nous rattrape. Après un dernier café au bord de l’Elbe nous rejoignons notre 20ème pays. l’Allemagne.

One thought on “Au fil de l’eau

  1. Dingue toutes ces bonnes et belles nouvelles ! Evidement tout me fait envie et donc…je vous envie ? !
    Profitez de ces paysages, de ce beau temps, de ces bivouacs, de ces belles pistes…le meilleure reste à venir ????☀️…?

  2. Salut Daniel,

    Je viens de me mettre à jour par rapport à votre voyage. Maintenant vous êtes parmi les peu de Suisses qui connaissent la Suisse Saxonienne. C’est drôle de vous voir passer même là bas! Nous y étions cet été et on a fait des jolies randonnées dans ces rochers. La forêt enchantée carrément. Notre petite (3 ans) s’est bien amusée avec tous les cordes et échelles ?

    Vos photos du Danube font revenir des souvenirs également. Nous l’avons perçu comme une voyage dans le passé à l’époque, ces petits villages perdus de la Slovaquie, où il y a encore l’ambiance assez « est ».

    Mais vos chiffres me font des vertiges… Autant de km! Vous devriez y ajouter encore la quantité du matériel cassé, peut-être ?

    Mais

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