Nazaré, Portugal

Coldshower

Nous quittons Compostelle avec pour objectif de parcourir les 250 kilomètres qui nous séparent de Porto en 3 jours, afin d’y rejoindre Jo, Pam et Arthur juste avant qu’ils ne repartent pour la Suisse.

C’est à la suite d’une journée passée sur une nationale avec beaucoup de trafic que nous rencontrons Carlos, un cyclovoyageur basque en route pour le Portugal. Après une courte discussion et avant de repartir chacun de notre côté trouver un logement pour la nuit, nous choisissons de suivre ses conseils. Nous passerons le lendemain par la côte espagnol afin d’entrer au Portugal en bateau. Nous n’avons pas été déçu, une journée magnifique à suivre la côte sur une piste cyclable, un régal. En attendant notre bateau, 3h d’attente pour cause de marée basse, nous retrouvons le même Carlos. Ayant pour destination la même ville pour la nuit, nous décidons de terminer l’étape ensemble. Bien nous en a pris, car Carlos avec sa tchatche d’enfer a réussi à nous trouver une place dans une auberge de pèlerins à la base complète et probablement le restaurant le moins cher et le plus « local » de la ville. Nous passerons une super soirée à écouter ses récits de voyages.

A notre départ de l’auberge, nous faisons la rencontre de Léo et Dani. Après avoir partagé le petit déjeuner, nous partons ensemble en direction de Porto. Ce couple Brésilien parti d’Amsterdam est une chouette rencontre. C’est super de pouvoir échanger sur le voyage, nos habitudes, nos soucis, etc. Ils nous quittent après une quarantaine de kilomètres mais pour sûr, on risque de partager à nouveau notre route dans le futur. On découvre également que les Portugais adorent les routes pavées, au grand damne des cyclistes. Après avoir été secoués comme des pruniers pendant 15 kilomètres, c’est avec un énorme plaisir que nous retrouvons Jo, Pam et Arthur en fin de journée. Cette rencontre improvisée au denier moment nous a fait beaucoup de bien. C’était génial de pouvoir partager quelques heures avec eux.

Alors que la famille Nicod s’envole en direction de la Suisse, nous passons une journée de repos bien méritée à Porto, chez notre hôte Warmshower du jour, José. Malheureusement nous n’avons pas beaucoup pu discuter avec lui mais il nous a donné de supers conseils pour visiter Porto.

Après avoir continué à longer la côte et pris deux nouveaux ferrys, c’est ensuite chez Carlos, Clarita et Duarte que nous passons la nuit. Des hôtes Warmshower incroyables avec qui nous avons beaucoup apprécié partager un repas et discuter. Nous ne sommes restés qu’une nuit, mais avec le recul, on aurait vraiment eu du plaisir à passer plus de temps avec eux. Nous décidons de suivre leurs conseils et de faire une incursion dans les terres portugaises pour rejoindre Coimbra, ville universitaire la plus ancienne du pays. C’est comme ça que nous retrouvons notre tente après une douzaine de nuits sans l’avoir utilisée.

Le lendemain nous remettons le cap sur la côte. Après une journée étouffante avec des températures proches des 35 degrés et un vent de face à décorner un boeuf, nous atteignons la plage de Pedrogão et son camping. Nous découvrons alors un nouveau type d’hébergement, les « teepee » ! Des sortes de petites maisons pour deux personnes meublées de deux lits et d’une petite table de nuit. Ni une, ni deux, nous voilà donc les heureux locataires d’un teepee. Depuis l’entrée de notre nouvelle maison nous avons tout le loisir d’observer l’étrange nuage que nous voyons depuis quelques heures. Nous mettrons un certain temps à comprendre qu’il ne s’agit pas d’un nuage mais de fumée. La fumée d’un feu qui se trouve finalement pas très loin de nous et qui se rapproche dangereusement poussé par le vent. Après un petit passage à la réception afin de s’enquérir de l’état de la situation, nous remballons toutes nos affaires en urgence, chargeons les vélos et retournons attendre la suite des opérations à la réception. Seulement quelques minutes plus tard, l’ordre des pompiers arrive, il faut évacuer. Nous laissons les vélos et tout le matériel à l’abri dans la réception. Difficile alors de laisser nos affaires à quelques centaines de mètres des flammes que nous apercevons. Un masque sur le visage pour se protéger de la fumée rendant à présent l’air irrespirable, nous partons en voiture direction le Nord avec Marta. Marta habite au camping avec son copain, Tiago, responsable du camping. Après quelques kilomètres, nous attendons Tiago sur le parking d’une station essence. Il s’est occupé de faire évacuer les dernières personnes du camping avec Bruno, un employé du camping. Quelques minutes après avoir repris la route, la voiture de Tiago s’arrête à nouveau sur le côté. Il vient annoncer quelque chose à Marta qui se met alors à pleurer. Nous, nous n’avons pas compris un mot mais dans notre tête on se dit que le camping est pris par les flammes. Marta nous traduit alors que le vent a tourné juste avant que le feu n’atteigne le camping. C’est le coeur un peu plus léger que nous repartons direction Figueira da Foz avec une Marta qui retrouve des couleurs. Toutefois, la situation reste tendue et nos trois compagnons passent la majeure partie de leur temps au téléphone soit avec leurs proches qui se trouvent eux aussi dans des endroits où les incendies sévissent, soit avec des personnes restées dans la région de Pedrogão qui les informent de l’évolution de la situation là-bas. Nous dormirons finalement quelques heures à Figueira da Foz chez la soeur du boss du camping. Le lendemain, la situation n’est toujours pas géniale mais les routes commencent à réouvrir, nous retournons donc au camping. Nous traversons en voiture des kilomètres de forêts calcinées que nous parcourrons le lendemain à vélo. Finalement, c’est avec soulagement nous retrouvons toutes nos affaires comme nous les avions laissées. S’ensuit un après-midi un peu stressant avec des incendies qui reprennent un peu partout autour de nous, de la fumée et le crépitement des flammes en fond sonore. Nous n’osons pas vraiment déballer à nouveau nos affaires. En fin d’après-midi, la situation se calme enfin et nous essayons de profiter de notre logement insolite.

Nous hésitions à prendre le train pour rejoindre Lisbonne mais décidons finalement de repartir à vélo. Nous prenons alors conscience de l’étendue des dégâts. Sur notre route pour Nazaré, nous passons la majeure partie de notre journée au milieu de forêts noires entièrement brulées où l’air est tout juste respirable. Ce jour là, le coeur n’est pas à pédaler. Nous réalisons la chance que nous avons eu de tomber sur Marta, Tiago et Bruno. Ils ont ont pris soin de nous dans un moment où tout ce qu’ils avaient et connaissaient étaient en train de partir en fumée. Nous pensons fort à eux et leur souhaitons tout le courage nécessaire pour les jours, semaines, mois et années à venir. Tous simplement, « Obrigado » !

One thought on “Coldshower

  1. Pffff quelle émotion!!! Nous sommes vraiment contents que cette nuit d’enfer se soit finalement « bien » terminée et que vous ayez pu récupérer vos affaires!! On pense fort à vous et on vous embrasse ?

  2. continuez à bien prendre soin de vous les Loulous, on pense fort à vous bien souvent, on parle aussi beaucoup de vous ?!
    Toujours un réel plaisir de vous lire, Merci de partager, c’est cooooooollll ?

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