Camastra, Italie

Auguri

C’est plus ou moins requinqués par nos deux jours de repos à Propriano que nous reprenons la route sous une pluie battante, avec un vent de folie. Notre objectif du jour, Bonifacio puis la Sardaigne ! Après deux bonnes heures d’efforts, une grosse rafale au mauvais moment sur une route rendue glissante par la pluie fait chuter Dan dans un virage. Première grosse chute du voyage, ça ne fait pas plaisir. Un gros coup sur la tête, quelques « pizzas » et des sacoches déchirées mais heureusement rien de trop grave. Le casque a bien fait son boulot. Nous arrivons tant bien que mal à Bonifaccio dans la tempête et prenons le bateau pour la Sardaigne. Apparemment nous avons eu de la chance car il n’y avait normalement aucun bateau planifié pour les deux jours à venir. Une chance toute relative au vue de la traversée cauchemardesque que nous avons vécue. Même Van a dû arrêter de lire un moment tellement le bateau tanguait, c’est dire !

Nous faisons nos premiers coups de pédale en Sardaigne sous un ciel bleu et avec quelques degrés supplémentaires. Au niveau des paysages la Sardaigne offre un panorama moins agressif que la Corse. Par conséquence, le dénivelé de nos étapes est plus faible et il est un peu plus facile d’y rouler. Nous enchaînons trois nuits de camping sauvage dans des endroits un peu insolites. La terrasse couverte d’un bar de plage fermé pour l’hiver, les abords d’un village de villas de vacances complètement désert et finalement un parc d’accrobranche également fermé pour l’hiver (avec l’accord du propriétaire cette fois). Sur notre route menant au col de « Genna Silana » nous avons la surprise de croiser Olivia, la jeune belge rencontrée précédemment à Bastia. Nous la pensions loin devant nous mais elle est restée bloquée à Bonifacio à cause de la tempête. Elle nous explique s’être blessée à une cheville et fait du stop pour rejoindre le logement qu’elle a loué pour la nuit. Logement qui n’est autre que le même que nous avons loué pour les deux nuits suivantes. Celui-ci disposant de deux chambres, nous lui assurons que si elle souhaite rester une nuit de plus pour se soigner, nous le partagerons avec plaisir. Nous passons le col à 1’017 mètres d’altitude sur les traces du Giro 2017. Les inscriptions d’encouragement à l’attention des coureurs inscrites sur le bitume nous tiennent ainsi compagnie pendant les 40 kilomètres d’ascension. Les 40 kilomètres de descente qui suivent sont tout aussi magnifiques que les premiers et nous amènent directement vers notre logement à Santa Maria Navarrese. Nous y sommes accueilli par Franco, le propriétaire des lieux et Olivia qui a finalement décidé de rester une nuit supplémentaire. Le soir même, nous passons une belle soirée d’hiver au coin du feu en leur compagnie. Franco nous fait déguster le vin provenant de son propre vignoble, ainsi que ses olives et son huile d’olives. Chanceux que nous sommes, nous goûtons aussi aux tortellinis de la « Mama » de Franco. Un régal ! Le lendemain, Olivia nous quitte pour rejoindre Cagliari et continuer sa route et nous passons un jour de repos au coin du feu. Au moment de quitter les lieux, nous ne sommes pas encore tout à fait au clair sur la route à suivre pour les prochains jours. Aucune des solutions que nous avons envisagées ne nous satisfait vraiment. Nous nous rappelons alors le conseil que nous avait donné Carlos, le cyclotouriste rencontré en Espagne : « Si tu es à un endroit où tu te sens bien et que le prix est correct alors profites-en pour rester un peu ». Nous décidons donc de rester chez Franco trois nuits supplémentaires, d’en profiter pour visiter la région à pieds et fêter l’anniversaire de Dan à la chaleur de la cheminée. Sur les conseils de Franco, nous nous rendons tout d’abord à Pedra Longa, une chouette randonnée à flancs de coteau qui longe la mer. Puis Franco nous emmène visiter son oliveraie et nous explique certaines techniques de culture des olives. Il nous emmène également voir quelques points clés de cette belle région comme le plateau de Golgo, lieu de départ pour beaucoup de randonnées, le gouffre de Su Sterru avec ses 280 mètres de profondeur qui en font le plus profond d’Europe et l’église de San Pietro. Franco connaît super bien sa région et nous nous sentons privilégiés de l’avoir comme guide le temps d’une matinée. Nous prenons ensuite un peu de hauteur et nous rendons au sommet du « Monte Scoine » d’où nous avons une vue a 360 degrés de la région. Ces trois jours sans vélo nous ont fait du bien et Franco a vraiment été un hôte parfait d’une grande générosité. Nous sommes contents de nos petites « vacances dans les vacances » comme nous aimons appeler ces quelques jours sans vélo.

Nous reprenons la route pour deux étapes le long de la côte avant d’atterrir un peu avant Cagliari chez Adriano, un hôte Warmshower. C’est une chouette rencontre et nous passons un super moment en sa compagnie et celle de sa compagne, Debora. Ils nous font découvrir des spécialités culinaires sardes et en profitent pour nous parler un peu des traditions de l’île. Le lendemain nous passons la journée à Cagliari et fêtons nos 13 ans de vie de couple autour d’un bon repas. Le temps est ensuite venu d’embarquer pour la Sicile promise après 12 heures de traversée de nuit. Nous débarquons au petit matin un peu hagards à Palerme dans un concert de klaxons. Qu’est-ce qu’il se passe? En fait, rien du tout. Les siciliens aiment juste le son de leur klaxon. A nouveau, la traversée nous aura permis de gagner quelques degrés et ce n’est pas pour nous déplaire! Dès nos premiers kilomètres, nous ne pouvons ignorer à quel point c’est sale en observant le bord des routes qui ressemblent souvent à des déchetterie à ciel ouvert. Malgré tout, les paysages sont beaux et il est assez facile de rouler et de trouver des routes tranquilles. Les cyclistes que nous croisons en masse sont souriants et nous saluent avec enthousiasme. Cela fait toujours chaud au coeur! Nous passons Noël dans un grand appartement au coeur de la belle ville de Trapani. Puis, nous poursuivons notre route en direction de Catane afin d’y retrouver les parents à Van juste après le réveillon et ainsi démarrer 2018 en beauté.

PS: N’oubliez pas de mettre votre casque, ça pourrait vous sauver la vie.

One thought on “Auguri

  1. Bravo , les textes sont intéressants et correspondent à ce que nous avons connu sur les routes de l’Espagne, la cordialité des voyageurs, les peines en montée et les plaisirs en descente. La possibilité de s’arrêter n’importe où pour demander de l’eau, pour admirer un paysage ou faire un brin de causette.
    Pour plaisanter on dira : qu’est qu’il faut faire pour éviter le Noël des Ferrari

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