Copenhague, Danemark

Des Pops au plat

Après une bonne journée de repos en montagne, c’est avec beaucoup d’impatience que nous attaquons la descente qui nous mène au point de rendez-vous que nous avons fixé avec Auré et Séb. Ces deux-là y sont pour beaucoup dans notre choix de tout envoyer valser pour une année. Ils sont pour nous une source d’inspiration et c’est avec une grande émotion que nous les retrouvons. Nous et nos montures prenons alors place à bord de leur van avec lequel ils ont tracé la route depuis la Suisse pour venir passer une bonne semaine en notre compagnie. L’occasion pour nous de mettre les vélos de côté pour quelques jours et d’en profiter pour s’adonner à d’autres activités. Au programme de ces vacances dans les vacances : randonnées sur les principaux sites incontournables de la région, balade en canoë, grimpe et surtout passer du temps ensemble. Nos premiers kilomètres en leur compagnie sont un peu déroutants. Après neuf mois à voyager à une allure de 15-20 km/h, les paysages défilent d’un coup beaucoup trop rapidement à nos yeux. En effet, lorsque l’on voyage à vélo, ce qui compte c’est essentiellement le paysage que l’on peut observer sur le trajet. A l’inverse, en voiture, de par la vitesse, on a beaucoup moins de temps pour profiter du paysage. Le trajet importe donc peu. Ce qui compte c’est ce que l’on peut faire au départ et à l’arrivée. Ainsi, on avale tous les quatre les trois magnifiques randonnées qui mènent respectivement aux Trolltunga, Preikestolen et Kjeragbolten. C’était l’heure pour nous de réveiller quelques muscles qui n’avaient pas travaillé depuis bien longtemps. Des randonnées parfois trop touristiques pour les sauvages que nous sommes, mais qui ont le mérite de proposer à l’arrivée de spectaculaires et vertigineuses vues. On s’est vraiment régalé. On découvre aussi en leur compagnie les moustiques norvégiens, petits mais voraces, qui ont parfois écourté nos soirées. Nous passons celles-ci dans des coins magnifiques, permettant à la fois de parquer le van et de planter notre tente, à se cuisiner de bons petits repas au barbecue et au réchaud et même une fondue. Pour nous c’est certain, le bonheur réside dans ces moments de partage en toute simplicité. Une dernière soirée au bord d’un lac à faire trempette et voilà que nos deux grimpeurs filent déjà en Allemagne faire chauffer leurs avant-bras. On les remerciera jamais assez d’être venu jusqu’ici pour partager et embellir notre voyage.

Il est temps pour Simone et Francis (si on ne vous l’avait jamais dit, ce sont les petits noms de nos montures) de reprendre du service après une semaine à se tourner les pouces à l’arrière du van. Et pour quitter la région montagneuse de Norvège, il nous reste quelques montées à gravir. On passe encore de belles soirées à profiter de camper légalement en sauvage aux abords de fjords et de lacs. Un soir, on y fait la rencontre d’un Norvégien qui, soucieux de nous voir nous installer et de potentiellement allumer un feu avec cette sécheresse, nous apporte de l’eau chaude, du café et sa compagnie l’espace d’une soirée. Il est vrai qu’il ne pleut plus sur notre route depuis maintenant dix jours et que certaines régions attendent avec impatience les prochaines précipitations. Petit à petit, le relief se dissipe et à l’approche d’Oslo, ce n’est que l’ombre du paradis des deux semaines passées qui se dresse devant nous. L’ambiance entre nous est également électrique de par la fatigue accumulée après dix mois de voyage 24h/24h ensemble et le sentiment que les plus beaux panoramas du voyage sont peut-être derrière nous. Le besoin d’avoir un peu de temps chacun de son côté commence à se faire sentir et c’est bien naturel. On prend conscience que la fin du voyage se rapproche dangereusement amenant avec elle doutes et anxiété quant à nos vies futures. Après tant de liberté et de grand espace, le coeur n’est pas à la visite de la capitale Norvégienne et nous la contournant sans regret en prenant un ferry. Les deux jours suivants sont relativement pénibles à rouler dans une agglomération sans fin. De retour en Suède, peu avant Göteborg, nous faisons la rencontre de Craig, un cyclo-voyageur britannique qui compte rallier Oslo à Sheffield en deux semaines. Sacrés mollets. On passe la fin de journée en sa compagnie à regarder la victoire anglaise face à la Suède dans une fanzone. On a beaucoup ri en le voyant contenir sa joie à chaque but anglais sous peine de se faire lyncher par la marée jaune et bleue nous entourant.

Sous une chaleur irrespirable, nous arrivons à Göteborg. Dès lors, nous portons beaucoup d’espoir quant aux jours à venir. L’itinéraire qui mène à Helsingborg a été élu plus bel itinéraire cyclable de 2018 et devrait nous faire souffler un peu. De par l’impressionnante signalisation, le peu de relief, l’absence de trafic et le beau temps qui nous accompagne, nous prenons beaucoup de plaisir à découvrir la côte-ouest suédoise. On y retrouve des paysages et des odeurs qui nous rappellent la côte-ouest française. Cette côte, très fréquentée par les Suédois, est vraiment magnifique et n’a pas grand-chose à envier aux destinations phares du sud de l’Europe. Nous rejoignons le Danemark en empruntant un ferry car le fameux pont qui relie les deux pays est interdit aux vélos. La route qui nous mène à Copenhague nous donne un bon premier aperçu du Danemark et ses infrastructures pour cyclistes. Le contraste avec les autres pays traversés jusqu’à présent est saisissant et nous avalons les 50 kilomètres qui nous séparent de la capitale danoise en un clin d’oeil. Nous débarquons alors chez Hillary et ses colocataires pour deux nuits, afin de visiter la ville et réparer la roue arrière de Simone qui pose soucis depuis quelques jours. Une collocation riche en diversité, car elle est composée d’une Américaine, d’un Grec et de deux Français. Nous profitons de leur compagnie pour en savoir plus sur la ville et leurs vies respectives autour de quelques bières dans une de leurs brasseries préférées. Cette ville est un véritable modèle de déplacement urbain. On est bien loin de la rivalité entre cyclistes et automobilistes qui existe en Suisse. Nous visitons la ville à vélo avant de reprendre la route avec une Simone en pleine forme, désireux de gouter un peu plus ce pays paradis du deux-roues.

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