Notre voyage touchant à sa fin, nous voulons profiter un maximum de nos derniers coups de pédale et pour ce faire, il est maintenant primordial de rester loin du trafic. Nous décidons donc d’emprunter un maximum de voies vertes même si celles-ci serpentent souvent à n’en plus finir. C’est ainsi qu’un jour, alors que nous suivions le canal de l’Oise, nous nous faisons dépasser en trombe par deux cyclotouristes. Un des deux ne pédale qu’avec une seule jambe, laissant pendre la seconde sur le côté. Etrange. On n’a pas résisté à l’envie d’essayer, nous aussi, mais sans pédales automatiques, ça n’a pas été un grand succès. Finalement, nous rattrapons ces deux cyclistes un peu plus loin et faisons la connaissance de Valentine et Damien, deux Belges partis depuis peu avec l’objectif d’atteindre l’Atlantique pour surfer. Damien souffre d’une douleur au genou (souvenirs souvenirs pour Van), d’où le pédalage mono-jambe. Nous finissons par passer la soirée ensemble dans le même camping avant de se séparer le lendemain matin alors qu’ils mettent tant bien que mal le cap sur Paris et nous sur Rouen. Initialement, Rouen ne faisait pas partie de notre carnet de route mais Alain, Monique et Sandra, des amis de la famille, nous invitent chaleureusement à nous arrêter chez eux lors de notre passage dans la région. Et nous, comme on aime bien aller là où les gens nous accueillent, on décide de faire un crochet par la ville aux cent clochers. Nous faisons d’abord un arrêt chez Rudy à Beauvais, hôte Warmshower trouvé à la toute dernière minute, après une étape record de 128 kilomètres sous une chaleur étouffante. Puis nous faisons la rencontre d’Alain venu nous offrir assistance technique et encouragements en voiture pour nos derniers kilomètres. Après la sèche ascension de la côte de Canteleu sous l’enthousiasme d’Alain, c’est comme des rois que nous sommes accueillis par Monique et Sandra. Nous passons deux super journées avec toute la famille et avons la chance d’assister en leur compagnie au spectacle son et lumières de la cathédrale Notre-Dame de Rouen. Un joli moment. C’est tout frais, avec des habits qui sentent bon et la promesse de se revoir en Suisse, que nous reprenons nos montures direction la côte normande et les falaises d’Etretat.
Depuis qu’elle avait vu le tour de France passer par là, Van voulait aller y faire un tour. Dans notre tête à tous les deux, la côte normande est tranquille et déserte. Quelle naïveté. Plus nous nous approchons d’Etretat, plus il y a du monde. On débouche finalement sur un énorme parking rempli à ras bord et des gens partout. Le camping repéré au préalable affiche complet, évidemment. Toutefois, comme nous ne sommes pas en voiture, on nous trouve quand même une petite place pour planter notre tente et nous partons voir ces fameuses falaises qui attirent tout ce monde. C’est beau, c’est magnifique, mais un peu trop fréquenté à notre goût et pas toujours évident d’apercevoir les falaises entre deux perches à selfie. Le lendemain, nous reprenons la route sous un temps typiquement normand, comprenez ainsi très pluvieux. On peut difficilement se plaindre car c’est une première depuis bien longtemps et en plus, nous avons la chance d’avoir trouvé une Warmshower en or à une quarantaine de kilomètres de notre position. Karine nous a bien gentiment laissé ses clés à la boulangerie du quartier pour que nous puissions nous mettre au sec alors qu’elle est encore au boulot. Après un après-midi pizza et glandouille, nous passons une soirée bien sympathique en sa compagnie.
Nos objectifs des prochains jours sont les plages du débarquement. Pour y arriver, nous décidons de quitter Le Havre par le pont de Normandie. On nous a dit qu’il y avait une piste cyclable et que ça valait le coup. Alors soyons francs : c’est plus un cauchemar et ça ne vaut absolument pas le coup. Le pont est traversé par une autoroute sur laquelle il y a énormément de camions à cause de la proximité du port. La piste cyclable se résume à une ligne blanche tracée sur cette même autoroute. Pour ne rien arranger, ça monte plutôt sec et dans notre cas, il y avait un vent de folie. Clairement, celui qui s’est dit que l’idée de faire passer les cyclistes ici était bonne n’a jamais fait de vélo. Un conseil, n’y allez pas ! Une fois le pont passé, la suite du trajet est plus agréable et après un petit apéro improvisé sur la plage, nous faisons la connaissance de nos hôtes du jour, Audrey, Olivier et leur tout jeune fils, Marius. Nous passons la soirée à discuter voyages et à goûter les bières artisanales d’Olivier qui possède sa propre brasserie.
La journée suivante est tournée vers l’histoire. Nous longeons la côte et partout, musées et cimetières forment le triste héritage de la Deuxième Guerre mondiale. En passant près des plages, on ne peut s’empêcher d’imaginer ce que ça devait être de sortir des bateaux pour courir sur la plage vers une mort quasi certaine. A vous mettre des frissons. C’est à Sainte-Mère-Eglise et son fameux clocher où était resté suspendu un parachutiste américain que nous finissons notre journée. Nous avons rendez-vous au camping de la ville avec Ophélie et Frédéric, deux grands voyageurs à vélo couché et nos hôtes du jour. Après leur dernier voyage, ils ont repris le camping de Sainte-Mère-Eglise. Une reconversion professionnelle qui leur permet de continuer à voyager durant l’hiver. C’est toujours chouette de rencontrer des voyageurs et d’échanger anecdotes et astuces. Après une journée à pédaler dans la campagne normande, bien plus tranquille que la côte, nous arrivons chez Lucas et Lisa. Ce sont deux artistes qui retapent l’ancienne boulangerie d’un petit village. Ils nous prêtent pour la nuit la cabane qu’ils ont construite au fond de leur jardin. Pour la petite histoire, ladite cabane était trop pleine de grosses araignées velues pour Van, qui a préféré monter la tente à l’intérieur de la cabane pour y dormir en toute sérénité. Même après 11 mois de voyage, on ne se refait pas. C’est super impatients que nous reprenons la route le lendemain. Premièrement, Lucas nous a parlé d’une route submersible, ce qui titille notre curiosité, et deuxièmement, nous devrions rouler avec le Mont Saint-Michel en ligne de mire une bonne partie de la journée. Et nous n’avons pas été déçus. La route submersible, qui était encore sous l’eau à notre arrivée, valait vraiment le coup d’oeil. En plus, nous y avons fait la rencontre de Mad, un Breton qui nous à invite à boire des chopes de cidres en attendant que la route soit praticable. Bon, il n’était même pas 11 heures du matin et on avait à peine fait 10 kilomètres mais on a apprécié l’invitation. Le panorama sur le Mont Saint-Michel était juste incroyable et nous finissons par nous installer pour la nuit dans le jardin d’un prieuré avec une vue imprenable sur le Saint-Miche-Miche, de son petit nom. Il nous accompagnera même une bonne partie de la journée suivante et ça n’a pas été pour nous déplaire. C’est vraiment quelque chose de chouette à voir.
Depuis notre arrivée en Normandie, nous sommes en pleine hésitation. En effet, nous hésitons à poursuivre l’aventure en Bretagne et aller chercher la Vélodyssée à son commencement à Roscoff ou à définitivement prendre le chemin du Sud et de la maison. Chaque jour nous repoussons le moment de prendre cette décision. Finalement, nous arrivons à St-Malo et nous savons que c’est ici qu’il faut nous décider. Après moulte et moulte hésitations nous prenons le chemin du Sud. Il faut bien dire que nous avons vu tellement de choses durant ces 11 mois de voyage qu’une certaine lassitude commence à s’installer. Nous commençons à perdre un peu la curiosité de la découverte et Van commence à fatiguer physiquement. De plus, la météo bretonne n’est pas des plus engageante. Malgré toutes ces raisons, ce fut une décision difficile et nous passerons des jours à nous demander si la décision que nous avons prise était la bonne. On ne saura jamais. Nous décidons de passer par la fameuse forêt de Brocéliande, forêt de Merlin l’Enchanteur. Puis nous revoilà sur la Vélodyssée, que nous pouvons suivre jusqu’à la maison. Au début la Vélodyssée suit le tracé du canal Nantes-Brest. C’est très bien balisé et très plat, nous arrivons ainsi rapidement à Nantes. Nous y sommes accueillis par Emmanuelle et Florent dans leur joli appartement du centre-ville. En repartant nous passons voir les machines de l’île et le fameux éléphant mécanique. On se dit qu’on aurait peut-être dû y rester un jour supplémentaire pour prendre le temps de visiter cette ville qui cache pleins de jolies choses.
Après une journée assez tranquille à suivre la Loire, le retour sur la côte est un peu difficile. La piste cyclable est tout à coup surpeuplée de cyclistes du dimanche et d’enfants qui ont parfois des réactions imprévisibles en nous voyant arriver. Les campings ont tous des piscines, des animations, des emplacements numérotés et bien délimités, tout ce qu’on n’aime pas. On est vraiment devenu des sauvages et ça nous fait rire. Chaque jour la maison se rapproche. Van ne sait pas qu’en penser. D’un côté elle se réjouit car elle a envie de se poser mais en même temps elle ne voit pas trop ce qu’elle va faire. Pour Dan c’est plus clair. Il n’a pas envie de rentrer. Mais on continue malgré tout notre bout de chemin. On profite une dernière fois de l’hospitalité chez Sophie et Richard. On n’aurait pas pu rêver mieux comme dernière rencontre. Ce sont des gens vraiment attachants et d’une belle générosité. Puis, alors qu’on traverse une section cyclable moins empruntée et moins habitée, on saute sur l’occasion de faire un dernier camping sauvage dans un champ de maïs. Arrivé à la Rochelle, on est tout charmé par cette jolie ville assez tranquille et on tombe par hasard sur une cabane de fish and chips où nous décidons de dîner. Apparemment nous avons bien fait car d’après un cycliste rencontré sur place, il s’agit des meilleurs fish and chips de toute la Charente-Maritime et même du monde. On n’a pas trop de point de comparaison mais en tout cas c’était délicieux.
Et finalement, notre dernier jour de route arrive. Nous en partageons un bout avec un couple d’une soixantaine d’années qui voyage à vélo électrique puis nous empruntons une superbe section de piste cyclable au milieu d’une forêt. Cette partie de la Vélodyssée est une des plus sympa depuis que nous l’avons rejoint peu avant Nantes. Finalement, on entame une vingtaine de kilomètres interminables de stations balnéaires avec du monde partout et nous voilà à Royan. Tout se précipite, le bac est prêt à partir et avant de dire ouf nous voilà en route pour le Verdon-sur-mer. A la descente du bac, le sentiment est étrange, pour la première fois depuis bien longtemps nous empruntons un itinéraire qui nous est familier. On a même pas le temps d’y penser, d’y réfléchir, de réaliser et déjà nous voilà devant le portail de la maison. On a le sentiment que tout à coup c’est terminé. Que de sentiments emmêlés. Il va nous falloir du temps pour encaisser tout ça, le tour de l’Europe, à vélo, ensemble.
❤️❤️ merci de nous avoir fait participer à votre voyage de cette manière….
Je suis très fière de vous… me réjouis bcp bcp de vous voir! Vous me manquez!
À très vite !!
J’ai les larmes aux yeux de lire vos dernières lignes. C’est entre l’excitation de vous revoir et la fin du voyage. J’espère que vous avez trouvé ce que vous cherchiez et que le plaisir a été a la hauteur. J’espère que le retour ce fera au mieux…je vous embrasse et vous voit bientôt
Ça doit vous faire tout drôle d’être revenus!! Merci de nous avoir fait participer en lecture à cette belle aventure!! On se réjouit beaucoup de vous revoir!!
Quel magnifique voyage. Que de sentiments entremêlés à la lecture de vos récits. Merci beaucoup et bon retour.
Quel beau dernier épisode de vos aventures !!! Merci de nous avoir permis de vous suivre depuis le train, les toilettes?, le bus, la table ou encore le lit… bref tout tranquilou pendant que vous vous agitiez les mollets. Bisous ?
bonjour vous 2
merci pour le partage de votre expérience incroyable sur ce blog.
on est ravis de vous avoir rencontre !
Bon vent pour la suite de vos aventures (vie normale ou pas ! 🙂 )
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