Budapest, Hongrie

Derniers assauts hivernaux

Tous les voyageurs que nous avons rencontrés sur notre route ne nous ont pas spécialement donné envie d’aller en Croatie. Ils ont trouvé le pays encombré par la circulation et les gens pas spécialement accueillants. C’est donc sans trop d’attente que nous passons la frontière de ce 17ème pays de notre périple. On ressent directement le changement de niveau de vie par rapport au Monténégro. Les routes sont impeccables, les maisons sont principalement terminées et les pelouses sont bien tondues. La division de la Yougoslavie a visiblement été plus profitable à certains pays qu’à d’autres. Nous découvrons avec grand plaisir que même les plus petites routes sont goudronnées. Nous quittons donc rapidement le grand axe très fréquenté de la côte et profitons des routes de campagne calmes et paisibles. Pour la première fois depuis longtemps, on se sent un peu comme chez nous, dans une ballade au coeur du Gros-de-Vaud. C’est ainsi que nous arrivons à Dubrovnik et sa vieille ville magnifique. Nous y dormons en plein centre en nous imprégnant de cette ambiance « made in Games of Thrones ».

Le jour suivant, nous filons au travers des montagnes direction la Bosnie Herzégovine. On retrouve sur notre route de bonnes vieilles pentes à plus de 10% comme nous en avions dégusté plein en Albanie. Une fois de plus, la vue et la tranquillité de la route en valent la chandelle. Les Bosniens ont réussi à négocier un accès à la mer avec la Croatie et c’est la ville de Neum qui en profite. Nous y dormons une nuit avant de tailler la route pour Mostar. La veille, nous avions été pour la première fois chatouillé à une frontière par un douanier. Il nous avait gentiment indiqué que la frontière par laquelle nous voulions passer était uniquement dédiées aux locaux. Ayant probablement pitié de nous au vu des kilomètres que le détour aurait engendrés, il nous a finalement laissé passer. C’est confiant que nous reprenons les montagnes en direction de Mostar où nous devons repasser par la Croatie. Après une belle montée de 400 mètres et plus de 10 kilomètres, le douanier ne veut, cette fois-ci, rien entendre et nous oblige à faire machine arrière. C’est ainsi qu’une petite journée de 70 kilomètres tranquille se transforme en une grosse journée de 95 kilomètres en doublant le dénivelé. Heureusement, la route qui nous mène à Mostar est magnifique. Elle longe une rivière entourée par des montagnes, un régal. Nous nous reposons une journée à Mostar après avoir accumulé beaucoup de fatigue. Nous ferons tout de même un petit saut dans la vieille ville pour admirer le célèbre pont de Mostar reconstruit il y a peu. La Bosnie ne nous a pas fait forte impression sur les deux jours où nous y avons roulé. Il n’y a pas beaucoup de choix de route et les conducteurs sont plutôt du genre pressé et bruyant. De plus, le printemps tarde à arriver. Nous choisissons donc de retourner sur la côte croate afin de gagner quelques degrés et retrouver les petites routes dépeuplées qui nous y avaient bien plues. C’est ainsi que nous faisons étape à Imotski, premier village croate après la frontière. Nous avons le plaisir d’y découvrir un lac magnifique appelé le lac bleu. Apparemment, il y a son petit frère le lac rouge pas très loin mais la pluie incessante nous décourage quelque peu d’aller y faire un tour.

Toujours poussé par la nécessité de trouver la météo la plus clémente possible durant cet hiver qui n’en finit pas, nous prenons la route pour Split et rejoignons la côte adriatique. Les jours suivants, c’est à contre coeur que nous renonçons à nous rendre dans les parcs naturels de Kkra et Plitivice à cause du froid, de la neige ou de la pluie. Nous atteignons Zadar après une étape épique sous des trombes d’eau comme jamais nous n’en n’avions vu. La route est complètement inondée et nos pieds se retrouvent immergés lorsque nous traversons les flaques (les lacs plutôt). Heureusement pour nous, ce jour-là les températures n’étaient pas trop basses et nous avons terminé trempés mais pas frigorifiés. Belle amélioration. Comme il est impossible de parler de la Croatie sans évoquer ses nombreuses îles et quitte à être cantonné à rester sur la côte, nous décidons de traverser l’île de Pag. Bien nous en a pris, nous avons retrouvé un magnifique décor insulaire et un panorama sublime sur la chaine de montagnes du Velebit. Après un petit tour en ferry le lendemain pour rejoindre le continent, nous croisons un cyclotouriste canadien qui va dans le sens inverse du nôtre. Le bonhomme est un peu fébrile et nous indique que nous n’allons rien trouver à manger et qu’il y a un vent terrible qui vient des montagnes. Il a l’air d’en avoir bavé et c’est un peu refroidi que nous reprenons notre route. Au niveau nourriture, nous n’avons pas été déçus. Pas l’ombre d’une épicerie, d’un restaurant ou de quoi que ce soit. Ça tombe bien c’est un des très rares jours où nous sommes partis sans déjeuner. Heureusement, il nous reste un petit fond de riz qui tiendra lieu de déjeuner/diner. Plus nous approchons de la ville de Senj, notre destination du jour, plus le vent se lève. Effectivement, il vient des montagnes et il est plutôt violent, au point que parfois nous n’avons plus besoin de pédaler lorsque nous avons la chance de l’avoir de dos. Il est nettement moins sympa quand il est de face. Il finit même par nous apporter de la neige et par souffler Dan à terre alors qu’il poussait son vélo à quelques centaines de mètres de notre escale du jour. Le lendemain les prévisions météorologiques ne sont pas très encourageantes et nous devons faire une incursion à presque 1000 mètres d’altitude afin de passer cette fameuse chaine de montagne et rejoindre Zagreb. Nous décidons de tenter le coup malgré tout car si les prévisions sont mauvaises pour ce jour, elles sont pires pour les jours à venir. Après avoir avalé une bonne dizaine de kilomètres et grimpé près de 600 mètres nous nous arrêtons pour faire le point. Le vent est très fort, les températures en dessous de 0 et il y a de plus en plus de neige. Malgré un fort sentiment d’échec, nous prenons la sage décision de faire marche arrière. Heureusement, le logement que nous avions loué est toujours libre. C’est donc à cet endroit que nous nous terrons les 2 jours suivants en attendant une accalmie malgré un magnifique ciel bleu. Si on nous avait dit avant de partir que nous verrions de la neige au bord de la mer adriatique le premier jour du printemps, on aurait probablement bien rigolé.

Le vent finit par se calmer mais l’idée de refaire une nouvelle fois la même montée ne nous motive pas des masses. Nous décidons donc de suivre la côte un jour de plus pour rejoindre Rijeka puis de passer en Slovénie en direction de Ljubljana et de laisser tomber l’idée d’aller à Zagreb. Et nous sommes finalement ravis d’avoir pris cette décision. La Slovénie est un super pays entre champs et montagnes et Ljubljana un enchantement. C’est un des premiers pays depuis bien longtemps où nous retrouvons des pistes cyclables et des infrastructures adaptées aux cyclistes et ça c’est vraiment chouette. C’est aussi en Slovénie, à Maribor plus précisément, que nous avons rendez-vous avec Olivia, P’tit Lou et Marcel. Olivia, la marraine et tante de Van vient nous rejoindre quelques jours pour s’immerger dans notre voyage et venir tourner les jambes en notre compagnie. Son mari P’tit Lou, l’oncle de Van, nous offrira une assistance technique en voiture en cas de besoin. Marcel c’est leur chien chevelu qui n’en fait qu’à sa tête car il est en pleine crise d’adolescence. Ce n’est donc plus à deux mais à trois que nous quittons Maribor, une nouvelle fois en direction de la Croatie, avant de rejoindre la Hongrie. Nous avons demandé à Olivia de vous raconter avec ses mots les quelques jours que nous avons passés ensemble. Vous pouvez découvrir son récit en cliquant ici. C’est également en leur compagnie que nous passons le cap emblématique des 10’000 kilomètres parcourus.

Après les quelques jours passés ensemble, c’est reboosté par le confort non négligeable qu’ils nous ont apporté que nous filons à Budapest en signant notre étape record. 122 kilomètres au compteur et un lit des plus mérité à l’arrivée. Budapest, c’est aussi notre première rencontre avec le Danube. On comprend mieux pourquoi on surnomme la ville «la perle du Danube». Notre journée passée à sillonner la ville de chaque côté de la rive nous en a mis plein les yeux. On terminera dans un des fameux bains thermaux de la ville avant de reprendre la route le long du Danube en direction de la Slovaquie.

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